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Kinshasa : Daniel Bumba accusé de bloquer l’Assemblée provinciale pour protéger le président Lévi Mbuta visé par une procédure de déchéance

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Daniel Bumba, Gouverneur de la ville province de Kinshasa
Daniel Bumba, Gouverneur de la ville province de Kinshasa

Par Patrick Kitoko

À Kinshasa, le climat politique se tend après le dépôt d'une résolution visant la déchéance du président de l’Assemblée provinciale, Lévi Mbuta. Alors que la loi impose une réaction rapide, c’est le silence qui s’impose. En toile de fond, de graves accusations pèsent sur le gouverneur Daniel Bumba, soupçonné d’entraver délibérément le fonctionnement de l’institution.

Cinq jours après que cinq députés provinciaux ont déposé une proposition de résolution demandant la destitution de Lévi Mbuta, la machine parlementaire est à l’arrêt. Aucune plénière n’a été convoquée, en dépit des exigences fixées par le règlement intérieur.

Le bureau de l’Assemblée évoque de vagues « raisons logistiques » pour justifier ce retard. Mais pour de nombreux observateurs, cette explication ne tient pas. Selon plusieurs sources internes, le blocage résulterait en réalité d’une décision politique du gouverneur de la ville, Daniel Bumba Lubaki, qui refuserait de débloquer les fonds nécessaires au bon fonctionnement de l’Assemblée.

Ce refus est perçu par plusieurs élus comme une tentative délibérée de faire obstruction au vote de destitution visant Lévi Mbuta, un proche allié du gouverneur. Une manœuvre qui violerait non seulement le règlement intérieur de l’organe délibérant, mais aussi les principes fondamentaux de la démocratie représentative.

En effet, dès qu’une proposition de déchéance est introduite, la vice-présidence de l’Assemblée est légalement tenue de saisir l’intéressé et de convoquer une plénière afin qu’il puisse présenter sa défense. En bloquant ce processus, Daniel Bumba met directement en péril l’indépendance du pouvoir législatif provincial.

Si l’exécutif provincial peut ainsi bloquer le fonctionnement du législatif par simple rétention de fonds, c’est l’équilibre institutionnel lui-même qui est mis en danger. Cette forme de chantage budgétaire risque de devenir une arme politique chaque fois que les intérêts du gouverneur ou de ses alliés sont remis en cause.

Pire encore, ce blocage survient en pleine session budgétaire, une période cruciale pour le vote du budget annuel de la ville. Retarder ces travaux, c’est compromettre le financement de projets vitaux pour les Kinois : écoles, centres de santé, routes et autres infrastructures essentielles.

En prenant fait et cause pour Lévi Mbuta, Daniel Bumba semble avoir choisi la loyauté politique au détriment de l’intérêt général. Plutôt que de garantir le bon fonctionnement des institutions, il en devient le principal obstacle. Une posture qui alimente la méfiance et éloigne un peu plus les institutions de leur mission première : servir les citoyens.

La question reste posée : jusqu’où ira le gouverneur pour protéger un président d’Assemblée contesté ? Et à quel prix pour la démocratie locale ?

Face à cette impasse, les députés provinciaux portent une responsabilité historique. Ils doivent se lever, dénoncer les blocages et refuser d’être complices d’un système qui piétine l’État de droit. Le peuple kinois ne leur a pas confié un mandat pour qu’ils se taisent, mais pour qu’ils défendent ses droits et les institutions.

Vendredi 3 octobre 2025 - 13:03