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Deux médecins brûlés à Ilambi : des bagues et parfums «magiques» seraient la cause du meurtre

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Les objets qui seraient trouvés dans les habits de deux médecins brûlés vifs à Ilambi
Les objets qui seraient trouvés dans les habits de deux médecins brûlés vifs à Ilambi

Par Patrick Kitoko

La mort tragique de deux professionnels de santé, l’épidémiologiste John Tangakeya et un autre collaborateur de l’École de Santé Publique (ESP) de Kisangani, survenue dans l’exercice de leurs fonctions lors d’une mission de collecte de données pour une campagne de vaccination, continue de susciter l’indignation. Ces deux agents ont été lynchés puis brûlés en plein jour par une foule en colère à Ilambi, dans le territoire d’Isangi.

Selon des témoignages recueillis sur place, leurs corps ont été brûlés après le lynchage, puis partiellement jetés dans une rivière. Des images de la scène, diffusées sur les réseaux sociaux, ont provoqué une onde de choc dans l’opinion publique.

Une suspicion fatale

Des sources locales rapportent que la population a agi sur la base de soupçons nourris par des croyances superstitieuses. Les victimes auraient été perçues comme des sorciers en raison de la possession de bagues, de parfums dits « magiques » et de cartes attestant de leur appartenance à une organisation religieuse appelée Eckankar. Cette suspicion s’inscrit dans un climat de méfiance, alimenté par des rumeurs persistantes de disparitions mystérieuses d’organes génitaux, un phénomène déjà signalé dans d'autres régions du pays, notamment à Kinshasa.

Ce drame ne serait pas un cas isolé. Il est rapporté qu’au moins une dizaine de personnes auraient été tuées ces derniers mois dans la même localité, dans des circonstances similaires.

Réaction de l’École de Santé Publique de l’Université de Kinshasa

Dans un communiqué officiel, la direction de l’École de Santé Publique de l’Université de Kinshasa (ESP-UNIKIN) a exprimé sa profonde consternation face à cette tragédie. Le professeur Dr Éric Mafuta Musalu, directeur de l’ESP, a confirmé que les victimes faisaient partie d’une équipe de quatre chercheurs envoyés dans les zones de santé d’Isangi et de Yabahondo, pour suivre l’évolution des interventions de vaccination dans des zones reculées.

"Ces collègues ont perdu la vie en accomplissant une œuvre salutaire, visant à garantir à chaque enfant congolais un avenir en meilleure santé. Nous gardons une pensée pieuse à leur mémoire et plaidons auprès des autorités pour que toute la lumière soit faite sur les circonstances de leur assassinat", a déclaré le Dr Mafuta.

Les équipes sur le terrain disposaient de toutes les autorisations administratives requises, avaient accompli les civilités d’usage auprès des autorités locales et présenté ces documents aux assaillants lors de l’incident, sans que cela suffise à dissiper les soupçons.

Une justice populaire qui interpelle

L’École de Santé Publique appelle à une enquête rigoureuse pour faire la lumière sur les faits et prévenir de nouvelles tragédies. Elle insiste également sur l’importance de renforcer la sensibilisation communautaire quant aux objectifs et aux bienfaits des campagnes de vaccination, ainsi qu’à la nécessité de protéger les agents de santé, qui œuvrent souvent dans des conditions précaires pour le bien-être collectif.

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Mercredi 8 octobre 2025 - 14:53