Par Prosper Buhuru
Quelques heures après la signature, ce samedi 15 novembre 2025, à Doha, de l’accord-cadre entre le Gouvernement congolais et la coalition rebelle du M23-AFC, la société civile Forces vives du territoire de Rutshuru a réagi avec prudence, tout en encourageant les deux parties à privilégier l’intérêt des populations affectées.
Samson Rukira, rapporteur général de cette structure citoyenne, salue l’engagement affiché par les signataires, mais rappelle que les habitants de Rutshuru et de l’ensemble du Nord-Kivu, voire l’est de la RDC attendent surtout un accord "sincère" assorti d’un véritable "plan de mise en œuvre". Pour lui, seule une exécution concrète permettra aux déplacés et réfugiés de retourner chez eux, reconstruire leurs vies et envisager sereinement leur avenir.
Le leader de la société civile souligne toutefois que ce texte n’est qu’un accord de plus dans une longue série de compromis déjà tentés dans le passé.
"Doha n’est pas le premier accord. Les Congolais en ont connu beaucoup, et l’historique montre une succession de chaînes dont la logique se répète", observe-t-il, appelant à rompre avec ce cycle d’engagements non tenus.
Samson Rukira lance aussi un appel fort à la classe politique congolaise : la paix durable, dit-il, ne pourra prendre racine que si la conquête ou l’exercice du pouvoir s’affranchit définitivement de la violence.
"La stabilité et le développement de la RDC ne viendront qu’avec une conscience nationale : il ne faut pas verser le sang pour accéder au pouvoir, ni pour revendiquer. Par amour du pays et du prochain, il est possible de diriger ou de défendre ses droits sans violence", insiste-t-il.
Tout en encourageant la démarche engagée à Doha, la société civile de Rutshuru souhaite que cet accord, ou celui scellé récemment à Washington, puisse être le dernier d’une série trop longue. Elle exhorte les signataires à la rigueur, à la transparence et à l’engagement moral pour que la quête de paix ne soit plus un exercice répété, mais une réalité durable pour les communautés affectées du Nord-Kivu et de l’ensemble du pays.