Par Serge Mavungu
Par le truchement d’un communiqué de presse parvenu à la rédaction d’Opinion-info.cd, l’ODEP -Observatoire de la Dépense Publique- informe l’opinion publique nationale et internationale qu’une tentative d’arrestation arbitraire a visé, le vendredi 14 mars 2025, le professeur Florimond Muteba Tshitenge, président de son Conseil d’Administration.
Cette tentative survient dans un moment particulièrement sensible pour la RDC -République démocratique du Congo-, alors que le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo s’emploie à former un Gouvernement d’union nationale, dans un contexte de reconstruction institutionnelle et de quête d’unité nationale.
Dans ce climat d’espoir démocratique et de réformes attendues, l’ODEP s’interroge avec gravité sur les motivations profondes et le niveau d’initiative d’un acte aussi grave, dirigé contre une personnalité aussi emblématique que le professeur Florimond Muteba, reconnu comme l’une des voix les plus respectées et les plus engagées de la société civile congolaise.
"Une telle manœuvre, qui ne semble pouvoir être envisagée sans l’implication ou la couverture de hautes autorités, jette une ombre inquiétante sur l’indépendance des institutions et menace les acquis démocratiques chèrement obtenus, en ciblant un acteur central de la lutte contre la corruption, la mauvaise gouvernance et l’impunité dans la gestion publique", peut-on lire dans ce communiqué de presse de l’ODEP.
Menée par des individus non identifiés, sans mandat ni pièce justificative, cette opération s’est déroulée dans les locaux du Partenariat des Organisations de la Société Civile et de l’IGF -Inspection Générale des Finances-. Le professeur Muteba, absent au moment des faits, n’a été saisi d’aucune notification préalable. Ce n’est que deux heures plus tard, indique-t-on, qu’un mandat de comparution a été transmis, soulevant de graves interrogations sur la régularité, la légalité et les véritables intentions de cette démarche.
L’ODEP considère qu’il ne s’agit pas d’une procédure judiciaire ordinaire, mais bien d’une tentative d’intimidation ciblée, visant à faire taire une voix engagée dans la lutte contre la corruption, le contrôle citoyen des finances publiques et la défense des droits humains.
Au Procureur Général près de la Cour d’Appel de Kinshasa/Gombe, une demande de report de comparution a été introduite, assortie d'une dénonciation circonstanciée des faits, d'une requête visant à obtenir des garanties concrètes de sécurité. L’accusé de réception délivré par cette instance, confirmant la réception de cette correspondance, est annexé au présent document à titre de pièce justificative.
À la CNDH -Commission Nationale des Droits de l’Homme-, un rapport exhaustif a été transmis sollicitant l'ouverture immédiate d’une enquête indépendante, la mise en place d’une protection officielle pour le professeur Muteba, et une déclaration publique en soutien aux défenseurs des droits humains injustement inquiétés.
Au Conseil Supérieur de la Magistrature, un courrier d’alerte a été adressé, pour signaler le risque réel d’instrumentalisation de la justice dans ce dossier et appeler à une vigilance particulière, en vue de préserver l’indépendance des magistrats et le bon fonctionnement du pouvoir judiciaire.
Enfin, au ministère de la Justice et Garde des Sceaux, une lettre de saisine a été formellement envoyée au ministre de tutelle, demandant le strict respect des procédures légales, la sécurisation effective du professeur Florimond Muteba et l'ouverture d’une enquête sur les agents publics impliqués dans l’opération menée, en violation des normes juridiques en vigueur.