
Par Prehoub Urprus
Le ministre congolais du Commerce extérieur, Julien Paluku Kahongya, a été l’orateur principal d’une Table ronde organisée au Parlement britannique, à Londres, lundi 9 juin, autour du thème : "L’origine des conflits à l’Est de la République démocratique du Congo". Un événement de haut niveau qui a réuni des parlementaires britanniques, des membres de la Chambre des Lords, l’envoyée spéciale du Royaume-Uni dans la région des Grands Lacs, Tiffany Salder, et l’ambassadeur de la RDC à Londres.
Fort de son expérience d’ancien gouverneur du Nord-Kivu et de son expertise en gestion des conflits armés, Julien Paluku a livré une lecture structurée des origines de cette crise, évoquant les héritages complexes du génocide rwandais, la fragilité de l’État congolais, la convoitise pour les ressources naturelles, les tensions sociales et identitaires enracinées dans l’histoire coloniale, ainsi que les nombreuses ingérences étrangères.
À ses yeux, ces éléments ont alimenté une spirale de violences, qui, depuis trois décennies, a coûté la vie à plus de dix millions de personnes, déplacé des millions d’autres, privé des enfants de leur droit à l’éducation et saccagé des zones protégées, notamment le Parc des Virunga, célèbre pour ses gorilles de montagne.
Le ministre a également mis en lumière les mécanismes économiques derrière cette guerre prolongée. Il a dénoncé le rôle que joue le Rwanda, dont les justifications sécuritaires [comme la lutte contre les FDLR ou la protection des Tutsis congolais] masqueraient, selon lui, un agenda économique axé sur l’exploitation des minerais congolais et la captation du potentiel touristique lié à la faune sauvage du Kivu.
Julien Paluku Kahongya a alerté sur les violations graves du droit international humanitaire, la détérioration du tissu social congolais, mais aussi la destruction d’écosystèmes entiers sous l’effet des affrontements armés. Tout en appelant à une intensification de la pression diplomatique et à des sanctions internationales, il a plaidé pour une réponse humanitaire renforcée.
En marge de son intervention, il a également mis en avant les opportunités économiques que représente la RDC, pour les investisseurs britanniques. Un plaidoyer qui a porté ses fruits : une mission économique et commerciale du Royaume-Uni est attendue à Kinshasa en octobre prochain.