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Par Gloire Balolage
Une épidémie de choléra sévit actuellement à Lomera, un village du Sud-Kivu, en RDC -République démocratique du Congo-, touché par un afflux massif de chercheurs d’or depuis décembre 2024. MSF -Médecins Sans Frontières-, a lancé une intervention d’urgence début mai, pour contenir la propagation de la maladie.
Ancien village lacustre de 1.500 habitants, Lomera compte désormais plus de 12.000 personnes, venues pour exploiter les gisements aurifères découverts dans la région. La ruée vers l’or, accélérée par l’instabilité causée par les affrontements entre groupes armés, a entraîné une urbanisation sauvage dans des conditions sanitaires précaires.
Selon MSF, tous les facteurs de risque d’une épidémie sont réunis, notamment l'absence d’eau potable, surpopulation, manque de latrines, défécation à ciel ouvert, installations insuffisantes pour le lavage des mains et couverture vaccinale faible. Le village est situé sur une pente, ce qui favorise le ruissellement des déchets vers le lac, principal point d’eau des habitants.
Les premiers cas de choléra ont été recensés le 20 avril. En l’espace de deux semaines, le nombre de personnes infectées est passé de 13 à plus de 100. Aujourd’hui, Lomera représente à elle seule 95 % des cas enregistrés dans la zone de santé de Katana, qui regroupe plus de 275.000 habitants.
Face à cette situation, MSF est intervenue le 9 mai. L’organisation a vacciné plus de 8.000 personnes en quatre jours, bien que seule une dose ait pu être administrée faute de stocks suffisants. En parallèle, plus de 600 patients ont été traités dans une unité temporaire de 20 lits, mise en place pour l’occasion.
MSF a également installé une station de traitement et de distribution d’eau potable, capable de fournir 60.000 litres par jour. L’organisation a mis en place 100 latrines et 25 points de lavage des mains, notamment dans les zones publiques. Des kits d’hygiène (seau, savon, pastilles de purification) sont distribués aux familles, accompagnés de campagnes de sensibilisation.
Selon le personnel médical, la plupart des malades sont des travailleurs miniers. Ceux-ci utilisent l’eau contaminée du lac dans le processus de séparation de l’or, ce qui les expose directement à la bactérie. Les efforts physiques intenses, associés à une forte consommation d’alcool, aggravent encore leur état de santé.
MSF prévoit de transférer prochainement ses activités à d'autres partenaires humanitaires. Toutefois, l’organisation appelle à la mise en place de solutions durables, pour prévenir de nouvelles épidémies. «Sans investissements dans les infrastructures d’eau, d’assainissement et d’hygiène, ces flambées continueront de se produire», alerte Muriel Boursier, cheffe de mission MSF à Bukavu.
Elle signale également les difficultés logistiques qui entravent la réponse humanitaire dans l’est de la RDC, notamment la fermeture des aéroports de Bukavu et Goma et les réductions des financements internationaux.
En 2024, MSF a traité plus de 15.000 cas de choléra à travers la RDC. L’organisation continue de collaborer avec les autorités sanitaires congolaises, pour enrayer la propagation de la maladie.